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De la colère à l’amour

Moi c’est Vickie. Aujourd’hui, je suis une jeune femme épanouie professionnellement et personnellement. Infirmière clinicienne de profession avec un diplôme de maitrise en santé publique. Il y a 10 ans, je n’aurais pas pu te dire à quel point mon avenir serait plein de lumière et de bonheur.

Mon histoire avec Sainte-Justine débute en 2009. Pendant que mes parents divorçaient, je me suis réfugiée dans le sport et l’entrainement intensif. Des ados de mon école me gratifiaient dans ma perte de poids. Pour une fois, j’avais de l’attention, mais j’étais mitigée. J’avais de la colère envers les gens qui me félicitaient d’avoir maigri : en dedans de moi, je savais que ça que ce n’était pas sain. Une jeune femme de 15 ans qui perd 45 livres, c’est normal? On me demandait des trucs. Je ne répondais pas, mais j’aurais tellement aimé crier : « je ne vais pas bien ». Mes amies les plus proches s’inquiétaient et moi je m’isolais.

C’est à la suite d’une chute à vélo, à l’été 2009, que mon père contacte Sainte-Justine. Au tout début de l’automne, je rencontre le Dr Jean Wilkins, un homme marquant, qui tente, avec son grand sourire, ses yeux bleus et son humour, de dédramatiser ce genre de problème avec les adolescentes et adolescents et leurs parents. 

Diagnostic : anorexie mentale. Des suivis mensuels, puis une hospitalisation le 8 mars 2010 alors que mon pouls est tellement faible qu’on craint pour ma vie. Je me rappelle encore le matin du 8 mars, assise à la table, tentant d’avaler autre chose que des légumes. Je ressentais une fois de plus de la haine envers moi-même d’être dans un état aussi fragile et je tentais de me remplir d’amour pour prendre soin de moi.

Ce soir-là, de ma chambre, je vois encore ma mère quitter l’hôpital alors qu’on pleure toutes les deux au téléphone. J’avais de la haine. Je me sentais frustrée à l’idée de devoir rester à Sainte-Justine, de devoir manger ce qui se trouvait dans mon plateau, de me faire dire ce que je devais faire. 

C’était comme retourner en enfance et laisser les autres décider pour moi. Pas facile, mais avec du recul, c’était nécessaire.
Ma première photo à ma sortie de Sainte-Justine

Après un peu moins de 6 semaines, je retrouve une vie presque normale. La fin du secondaire, le début du cégep. Oui, le trouble alimentaire demeure en arrière-pensée, mais je me sens bien et j’ai des comportements sains. 

Et BAM. Trois ans plus tard, la rentrée à l’université, le stress, les relations interpersonnelles, les questionnements d’une jeune adulte… Bref, une série d’évènements m’a menée vers la boulimie. Plusieurs crises par jour. 

Isolement. Honte. Grâce aux outils donnés par l’équipe de Sainte-Justine plusieurs années plus tôt, je me suis prise en charge rapidement, contactant une psychologue spécialisée et Anorexie et boulimie Québec pour du soutien. 

Il a fallu plus d’un an avant je dise à mon copain et mes parents que je me faisais vomir. J’avais tellement honte de refaire vivre ce calvaire à mes proches.

Par contre, c’est au moment où je me suis ouverte que j’ai senti que je prenais du mieux. Je n’étais plus seule, isolée dans mes moments les plus sombres. 

Mon séjour à Sainte-Justine a été tumultueux, parsemé d’émotions parfois contradictoires que j’ai appris à reconnaitre et communiquer. Ces semaines à l’hôpital n’ont pas été faciles, mais il ne faut pas oublier la souffrance des proches qui ne comprennent pas ce qui se passe, qui ne reconnaissent pas leur enfant et qui se sentent bien souvent responsables et impuissants face à cette souffrance. Sainte -Justine est là pour eux aussi, en répondant à leurs questions et surtout en leur offrant un soutien pour les aider à accompagner leur jeune dans ces moments difficiles.

Avec le temps, l’unité de médecine de l’adolescence sur laquelle séjournaient majoritairement des jeunes avec trouble du comportement alimentaire n’était plus un lieu de stress et de colère, mais un lieu de bienveillance où j’ai appris à prendre soin de moi et comprendre ce qui s’était passé.

Ma vision de Sainte-Justine est devenue de plus en plus positive et pleine de reconnaissance. Oui, de la reconnaissance pour les intervenants que j’ai côtoyés et qui ont fait une différence (Dr Wilkins, Paule, Jean et Sotherine pour ne nommer que ceux-là). 

Aujourd’hui, alors que le projet d’avoir un jour une famille est possible, je remercie Sainte-Justine de m’avoir donné un « break » de ma vie et des outils pour faire face à ma vie de jeune adulte. Merci d’être là pour tous les adolescentes et adolescents perdus dans les aléas de la vie moderne. 

Je suis maintenant fière donatrice de la Fondation CHU Sainte-Justine. Je redonne à l’institution qui a marqué mon adolescence et aussi celle de milliers d’autres jeunes, notamment pour soutenir les projets et la recherche en santé mentale déployés à Sainte-Justine.

Je donne

*Les propos tenus dans cet article n’engagent que la personne signataire et ne doivent pas être considérés comme étant ceux de la Fondation CHU Sainte-Justine.

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