Nous venions de passer la période des Fêtes. Et jamais la nouvelle année n’avait sonné autant l’avènement de la joie. Au fond de moi, je le savais, je le sentais. Le 7 janvier dernier, on en avait la confirmation. J’étais enceinte.
À 10 semaines, c’est la première échographie. Celle où tout est devenu plus vrai. Plus concret. Mais aussi plus intense. Dans mon ventre, il n’y a pas qu’un petit cœur qui bat, mais deux. « Vous attendez des jumelles », nous annonce le médecin. Le bonheur est double.
Des larmes, le médecin en a vues. Beaucoup. Mais de pur bonheur, à l’annonce d’une grossesse multiple, rarement. Nous n’étions pas ambivalents. Nous étions contents, excités, avec le sentiment d’être privilégiés. Nous allions être parents pour la première fois, et deux fois plutôt qu’une!
L’échographie révèle aussi que nos cocottes partagent le même placenta. Nous attendons des monozygotes. Risques d’accouchement prématuré, de retard de croissance, du syndrome du transfuseur-transfusé, la grossesse gémellaire présente plus de risques que la grossesse classique. C’était notre cas. Six semaines plus tard, l’échographie montre une différence de croissance entre les bébés et on évalue si la quantité de liquide amniotique les entourant est adéquate.
À compter de la 16e semaine, je débute mes suivis à la clinique de grossesse à risque élevé (GARE) du CHU Sainte-Justine, afin d’assurer le bon déroulement de ma grossesse. Le temps passe. Tout va bien. Tout est contrôlé. L’une des jumelles est plus petite que l’autre, mais rien d’inquiétant. Elle suit tout de même sa courbe de croissance. Jusqu’à ce qu’elle commence à montrer un flux intermittent dans son cordon ombilical. On doit garder l’œil ouvert.
À 27 semaines, les choses se compliquent. Ce matin-là, je devais faire mon test de glucose et un monitoring. L’infirmière, qui venait régulièrement à la maison, détecte des décélérations cardiaques. Inquiète, elle nous envoie à Sainte-Justine faire des tests plus approfondis. On y passe la nuit, puis ça semble s’être stabilisé. Mais moins d’une semaine s’écoule avant que le rythme cardiaque de notre petite ne ralentisse à nouveau. Pendant que notre cœur à nous, bat de plus en plus fort d’inquiétude. Et avec raison.
À 6 h du matin, le lendemain, le docteur nous annonce qu’il faut procéder. « Les décélérations de l’une de vos filles sont trop importantes. Nous pourrions la perdre. Il faut les sortir. » Quelques heures plus tard, nos petites naissent par césarienne d’urgence à 28 semaine et 4 jours. C’est une première victoire pour notre famille. Une première, car tout de suite, nous avons su que le combat n’était pas gagné. Nous avons compris que la technologie, l’expertise de l’équipe soignante et beaucoup d’amour allaient être nécessaires à la survie de nos filles.
La médecine, pour vivre et survivre
Elles s’appellent Zoé et Gabrielle. Zoé, c’est celle au parcours plus difficile. À seulement 4 jours de vie, elle doit être opérée pour ses intestins. Puis tombe dans un état critique la nuit suivante. Grâce à l’équipe des soins intensifs du CHU Sainte-Justine, Zoé reprend rapidement des forces. Quant à Gabrielle, elle souffre à la naissance d’importantes désaturations en oxygène dans le sang. Sainte-Justine l’a guérie. Sainte-Justine, nous a tous pris en charge. Et avec générosité.
Cette générosité, c’est celle de nos médecins, de nos infirmières, et des donateurs qui font en sorte que les familles comme la nôtre, peuvent être accueillies dans un environnement à la fois performant et si aimant. Un environnement qui nous réconforte, qui nous donne espoir. Une seconde maison.
Sainte-Justine, n’est pas qu’un hôpital « mère-enfant ». Sa raison d’être va bien au-delà. C’est aborder la santé des mères et des enfants comme un tout. Comme une famille. Une famille où les couples, les équipes médicales et les donateurs s’unissent pour donner la vie et la maintenir en santé.

109 jours passés en néonatalogie
À la naissance de Zoé et Gabrielle, je me souviens que leur fragilité m’avait amenée à penser qu’un simple sourire de leur part comblerait mon cœur de maman. Au bout de trois mois, quand elles se sont retrouvées allongées l’une près de l’autre pour la première fois, c’est une vague d’amour qui a déferlé sur moi. Encore plus grande que je ne l’espérais. Pour la première fois, ce jour-là, nous étions réunis, tous les quatre, ensemble. Si vous aviez vu leurs yeux remplis de surprise et de curiosité. Et les nôtres, à leur père et à moi, remplis d’étoiles…
Après plus de 100 jours passés en néonatalogie à Sainte-Justine, notre rêve de devenir parents s’est réalisé et nous en savourons chaque instant. Et moi, qui pensais avoir vécu la plus belle période des Fêtes l’an dernier! Celle qui arrive me fait croire qu’elle le sera mille fois plus. Et c’est grâce à Sainte-Justine, cette grande famille dont nous faisons maintenant fièrement partie.
Zoé et Gabrielle sont les plus cadeaux que la vie nous ait donnés. À vous, qui, en participant à des activités du Cercle de Sainte-Justine, permettez aux équipes de travailler dans un environnement de soins autant technologique que rempli d’amour : Merci!
