Aller au contenu

Mon beau papa

Mon beau papa. Je t’aime. Depuis plusieurs années déjà. Chaque année, je t’aime un peu plus. C’est comme ça. Je te connais encore mieux, notre complicité grandit, je vois tes qualités avant de voir tes défauts… Mais cette année, c’est différent.

Je me rappelle la nouvelle, celle qui allait changer notre vie. Enfin, un test positif, notre premier enfant! Je t’imaginais tellement être papa. Le meilleur. Toujours prêt, avec de l’énergie comme personne, positif, dévoué, qui aime jouer, prendre soin. Le profil parfait. J’étais si heureuse. Et tu connais la suite… pas un bébé, des jumeaux! Et plus tard, encore un choc… ce sera des triplés!

Malgré les risques, tu étais tellement heureux. Nous étions aux anges. Trois fois papa, ce n’est pas rien.

Et là, le mur.

Jamais je n’aurais voulu être accompagnée par quelqu’un d’autre que toi, ce jour-là, à l’urgence du CHU Sainte-Justine.

À mi-grossesse, on apprend que la vie de nos enfants est menacée. Et moi, que je dois tout arrêter. Être alitée pour une durée indéterminée. Le travail commence. Mais nos bébés sont à la limite de la viabilité.

Simone a choisi de voir le jour sous un magnifique ciel d’été, à 21 semaines. Ma belle fleur foncée aux grands pieds. C’est d’abord elle qui a fait de toi un papa. Aimant, protecteur, émerveillé par sa combativité. Quels moments d’intensité et d’humanité nous avons vécus avec elle! 2 h 30 à profiter de chaque instant. On savait que le temps était compté. Tu te souviens, comment on se sentait invincibles après son départ? Une leçon de vie incroyable.

Ensemble, on a choisi de croire que tout était encore possible pour nos deux bébés qui s’accrochaient. Tu ne m’as jamais lâchée. Tu as été ma bouée, mon fort, mon pilier durant les quatre semaines suivantes, entre le décès de Simone et la naissance d’Alice et Elliot.

Présent, impliqué, à l’écoute. Presque 24 heures sur 24 avec moi durant toute mon hospitalisation à l’unité des grossesses à risque élevé (GARE). Les équipes de Sainte-Justine t’ont toujours fait une place. Et toi, tu la prenais. Tu voulais tout savoir, t’assurer d’avoir les bonnes informations en main. Toujours sur le radar, pour le mieux de nos enfants. Dans les plus beaux moments comme dans les plus difficiles, on faisait équipe, toi et moi. Simone nous a donné la force de nous battre.

Je te revois encore lire tes grands livres sur la prématurité et poser mille-et-une questions aux médecins. Te lever chaque matin et aller me chercher mes fameuses mangues, mon croissant et mon petit déca. M’aider à m’installer sur la maudite bassine, de jour comme de nuit. Amener mes babioles porte-bonheur de la maison pour me garder focus et les déménager sans broncher à chaque changement de chambre. Aller me chercher un autre « jus d’orange-glace » pour me remonter le moral. Réinstaller et secouer encore et encore mes oreillers. Me laver, me raser même. Masser mon corps encore engourdi du train qui vient de lui passer dessus. Me faire rire aux éclats. Me consoler tendrement aussi. Me serrer si fort, m’apaiser.

Je te le dis sincèrement : sans toi, il est très probable qu’Elliot et Alice ne seraient pas parmi nous aujourd’hui. Et grâce à ta présence en néonatalogie, tes éternels kangourous, tes suivis après mon « rapport » de la journée… ils ne seraient pas aussi en santé. C’est certain.

Merci à l’infini.

Nul doute, j’ai choisi le meilleur papa pour nos enfants. Pour Alice et Elliot bien sûr, mais pour Simone aussi. Quel beau moment tu lui as fait passer, à Simone. Je t’en serai toujours reconnaissante.

Quelle chance ils ont de t’avoir comme père!

Je t’aime. On t’aime à la folie.

Bonne première fête des Pères mon amoureux.

À tous les papas qui prennent soin de leur famille quand les temps sont difficiles, merci mille fois.

Mélanie Chagnon
Maman de Simone, Alice et Elliot

*Les propos tenus dans cet article n’engagent que la personne signataire et ne doivent pas être considérés comme étant ceux de la Fondation CHU Sainte-Justine.
Menu