Bien que semé d’embûches, Cherley ne changerait pour rien au monde le chemin qui l’a menée à la maternité, car ces épreuves ont placé Sainte-Justine sur sa route. Et elles ont contribué à faire d’elle une maman exceptionnelle qui célèbre sa première fête des Mères cette année.
Cherley a toujours voulu être maman. Porter la vie, la donner. Après plusieurs années de traitements de fertilité, elle ne compte plus les tests de grossesse réalisés. Achetés en boîte de 100, dans l’espoir de voir un jour cette deuxième ligne rose se dessiner. Elle apparaît enfin un beau matin d’octobre. Mais le bonheur des parents est de courte durée : le cœur de leur bébé cesse de battre après huit semaines. « Mon cœur s’est brisé », se remémore Cherley.
Retour à la case départ. Le syndrome des ovaires polykystiques dont elle est atteinte complique son parcours. L’arrivée de la pandémie de la COVID-19 ajoute à son stress. Mais son désir de devenir maman, lui, est plus fort que jamais. Contre toute attente, elle goûte une seconde fois au bonheur de la deuxième ligne rose.
Cherley met quelques semaines à réaliser et savourer ce qui lui arrive. Ses craintes de revivre une fausse couche se dissipent tranquillement. Lors de l’échographie de 21 semaines, l’équipe de l’Hôpital Anna-Laberge constate que son col de l’utérus est court, peut-être ouvert. Les risques associés à cette condition la mènent jusqu’au CHU Sainte-Justine. Malgré l’incertitude, son instinct maternel lui dit que tout ira bien. Dès son arrivée, les équipes de soins, elles, la font se sentir en sécurité. Un sentiment qui ne la quittera plus jamais.
Pour retarder au maximum l’accouchement, Cherley subit un cerclage, une procédure chirurgicale qui consiste à placer une suture autour du col pour le refermer. Chaque jour gagné compte.
Le Dr Audibert, c’est l’homme de ma vie! (rires) Sa présence m’a tout de suite apaisée. Ses paroles rassurantes, dont celles prononcées en créole – ma langue maternelle – m’ont portée durant la chirurgie, et au-delà.
Trois semaines plus tard, Cherley est de retour à Sainte-Justine. Dehors, la pandémie bat son plein. Mais entre les murs de l’hôpital, son bonheur ne connaît pas de limites : elle devient enfin maman. Éleonore est née par césarienne d’urgence à 24,5 semaines.

En voyant sa fille pour la première fois, Cherley ressent un choc. Elle est minuscule. La joie et la peur s’entremêlent dans son cœur de nouvelle maman. Elle sait qu’un grand combat pour la survie d’Éleonore s’amorce. Elle se souvient des mots porteurs de Dre Anne Monique Nuyt, chef de service médical de néonatalogie. « Nos équipes sont là pour Éleonore. On va lui donner les meilleurs soins. Mais pour gagner son combat, elle a aussi besoin d’amour, de présence, de bienveillance. » Ces paroles donnent un nouveau sens au rôle de Cherley, déterminée à tout faire pour transmettre à sa fille son amour de la vie.
À ce moment, elle est aussi portée par le soutien des donateurs de la Fondation. Leur soutien au Centre d’excellence en néonatalogie a permis de pousser encore plus loin les connaissances des équipes, équiper l’unité et développer les meilleures pratiques en matière de soins destinés aux prématurés et aux mères.
Éleonore est née à la suite d’une fausse couche et des années d’essais en fertilité. Si aujourd’hui, je connais ce grand bonheur d’être maman, c’est grâce à Sainte-Justine. Ses équipes ont sauvé ma fille, mais ils m’ont aussi sauvée, moi, la maman que je venais enfin de devenir.
La puissance d’une deuxième famille en temps de pandémie
Éleonore a passé 130 jours à l’unité de néonatalogie, dont deux mois et demi aux soins intensifs. Chaque jour, elle épate ses parents par sa détermination à vivre. Après une difficulté, toujours, elle rebondit. Cherley est convaincue que sa présence quotidienne a fait la différence dans le parcours exceptionnel de sa grande prématurée. Si elle a pu être auprès d’elle, c’est grâce au soutien des donateurs de la Fondation qui contribuent au financement du service d’hébergement Cachou où elle a habité durant quatre mois et demi.




Sainte-Justine est donc devenu la « maison » de Cherley, souvent privée de son conjoint resté à la maison pour le travail. Pandémie oblige, elle ne pouvait non plus compter sur sa mère et sa sœur, dont elle est très proche. Elle a trouvé un réseau indispensable, une famille, auprès des infirmières, préposés, médecins, intervenants spirituels, travailleuses sociales, conseillères en lactation et employés de soutien de Sainte-Justine.
Cette maternité étrangère à celle imaginée dans ses rêves, Cherley l’a apprivoisée une étape à la fois, soutenue par les équipes en néonatalogie. « Chaque jour, grâce à elles, je me sentais plus investie dans mon rôle de maman, » se souvient-elle.
Cette première fête des Mères sera pour moi l’aboutissement d’un rêve. Je me sens bénie d’avoir eu Sainte-Justine sur ma route. En Haïti, d’où je viens, de tels soins qui rendent la vie possible à de si grands prématurés n’existent tout simplement pas. Il n’y a pas une journée qui passe sans que je remercie la vie de m’avoir offert ce privilège.
Aujourd’hui, Cherley est extrêmement fière de la toute nouvelle maman qu’elle est. Celle qu’elle a appris à devenir entre les murs de Sainte-Justine. Celle qu’elle continue d’être à la maison. De ses 740 grammes à la naissance, Éleonore est aujourd’hui en pleine santé et se développe comme un enfant de son âge (corrigé).
Pour sa toute première fête des Mères, dont Cherley chérira chaque instant, ses pensées vont aux donateurs de la Fondation ainsi qu’à chacun des humains de Sainte-Justine qui l’ont accompagnée dans ses premiers pas de maman : « Votre générosité et votre expertise ont sauvé ma fille, mais elles ont aussi sauvé mon cœur de mère. Je vous en serai éternellement reconnaissante. »